Mystère inspirateur de la science-fiction, histoire d'une civilisation disparue dans un cataclysme rappelant le mythe du déluge, l'Atlantide est peut-être la plus passionnante des énigmes de l'Histoire. Effrayante aussi : car réelle ou fictive, cette histoire nous rappelle que même les civilisations les plus évoluées peuvent brusquement disparaître à jamais...
Tout commence avec Platon. Vers 335 avant J.C.. Dans le Timée, il fait raconter par Critias une histoire qu'il tient d'un ancêtre lointain ayant connu le sage Solon. En Egypte, Solon aurait rencontré un prêtre qui lui aurait révélé l'existence, 9000 ans plus tôt, d'une île : l'Atlantide. Située au-delà des Colonnes d'Hercule (c'est-à-dire de Gibraltar), plus large que le nord de l'Afrique et l'Asie mineure réunis, elle serait la sortie de la mer Atlantique. Selon le prêtre, l'Atlantide était un peuple glorieux et conquérant qui aurait conquit la Méditerranée, puis aurait été repoussé par les Grecs avant d'être englouti par des tremblements de terre et des cataclysmes aquatiques.
Puis dans le Critias, Platon en dit plus sur l'Atlantide : après la création du monde, Poséidon aurait reçu l'Atlantide. Ayant eu deux fils avec une mortelle, il partagea l'Atlantide. Un des deux fils, Atlas, devint roi et il créa avec ses conseillers le bonheur parfait, partageant le travail et accroissant les richesses. La capitale de l'Atlantide était l'ancien palais de Poséidon. La citadelle, un cercle d'un diamètre de cinq kilomètres, était une succession d'anneaux concentriques de terre et de mer. Au milieu de la ville en argent, ivoire et or, se trouvait le temple de Poséidon meublé d'une statue en or, si grande qu'elle touchait la voûte. L'oeuvre étant inachevée, on n'en saura guère plus...
L'Atlantide est la première utopie connue : vantant les mérites de l'empire grec décadent, on ne sait si elle est réelle ou, comme le dit Aristote, inventée par Platon.
Au Moyen-Age, plus personne ne pense à l'Atlantide. C'est la Renaissance qui renouvelle l'intérêt : les philosophes se basent sur l'oeuvre de Platon pour étudier le bonheur, certains auteurs voient dans l'Amérique l'île platonicienne.
Les recherches de l'Atlantide n'ont jamais abouti. Car on n'a aucune idée de l'endroit où elle peut se trouver : beaucoup la voient sous l'Atlantique. D'autres, fidèles à Platon, la situent dans le détroit de Gibraltar. Pour les Grecs, il s'agit de l'île de Santorin, à 110 km de la Crète : à l'époque de Platon, la Crète est à son apogée et l'île est circulaire. De plus, la Crète est l'ennemie d'Athènes et pratique le culte du taureau comme les Atlantes. En 1470 avant J. C., le volcan de Santorin explose, provoquant tremblements de terre, pluies de cendres, et vagues de dix mètres de haut, détruisant l'île. Enfin, les hypothèses les plus originales, comme celle de l'écrivain Pierre Benoit, placent l'Atlantide en plein désert africain...
Une ville ou du relief ?Rebondissement en novembre 2004 : l'architecte américain Robert Sarmast a étudié au sonar les fonds marins entre Chypre et la Syrie. Les images (voir ci-contre) montrent des collines (l'Acropole ?) entourées de murs de trois kilomètres de long. Selon lui, ces structures à 1600 mètres sous l'eau sont trop droites pour être naturelles. Il s'appuie surtout sur le fait que des relevés précédents dans la région ont montré qu'elle avait été à l'air libre. Un tremblement de terre aurait ensuite ouvert Gibraltar, provoquant l'inondation de la Méditerranée par l'océan. Mais il y a des sceptiques. Parmi eux, le physicien Christian Huebscher. Il a déjà étudié ce secteur et selon lui, les collines ne sont que des volcans de 100 000 ans.
Que Platon se soit inspiré d'une tradition orale ou qu'il ait tout inventé, une chose est sûre : il nous a légué une formidable allégorie politique.