La fin du pétrole
Selon les estimations les plus optimistes, il ne nous reste que 60 ans de pétrole. Le problème est qu'il représentait en 2004 34 % de la production énergétique ! Il faudra donc le remplacer par autre chose... A l'échelle mondiale, l'énergie est également produite par le gaz naturel à 21 %, le charbon à 25 %, le nucléaire à 6,5 %, les déchets et combustibles renouvelables à 11 %, l'hydroélectricité à 2 %, et le reste seulement 0,5 % ! Lequel d'entre eux sera le successeur ?
Les énergies renouvelables (solaire, biomasse, éolienne, géothermique, ...) ne représentant encore même pas 1 % de la production, elles ne sont pas une solution pour l'instant (bien que nous devrons probablement les utiliser plus tard). Le gaz naturel ? C'est certes une solution à court terme mais il est lui aussi menacé (on estime les réserves à un peu plus d'un siècle, ce qui est certes plus important que le pétrole, mais pas infini. Comptez en plus que les principales réserves sont dans des zones politiquement très instables). L'hydroélectricité ? Trop peu de sites disponibles, surtout avec une diminution de la quantité d'eau...
Conclusion, il ne reste que deux candidats crédibles, du mois pour le moyen terme : le nucléaire et, inattendu dans ce rôle d'énergie du XXIème siècle, le charbon !

Le charbon
Cette énergie semble en effet incongrue en France, où la dernière mine a fermé en 2004. Mais ce n'est pas la même chose à l'étranger, par exemple en Chine (75 %). Le charbon a de nombreux atouts. D'abord des réserves d'au moins 150 ans, uniquement pour les gisements en exploitation, auxquels il faut donc rajouter les inconnus ou les inexploités. Ensuite, le charbon se trouve être réparti sur tout le globe, seul le Moyen Orient étant un peu lésé. De quoi ne pas s'inquiéter d'éventuelles tensions internationales !
Autre avantage, le charbon peut aussi servir de carburant, une fois liquéfié. Cette utilisation est en fait déjà connue depuis longtemps puisqu'elle date des années 1920 et que l'Allemagne s'en est servie pendant la deuxième guerre mondiale pour faire tourner ses moteurs en étant coupée des fournisseurs de pétrole.
En revanche, le charbon dispose d'un inconvénient gigantesque. Sa combustion émet 35 % de gaz carbonique de plus que celle du pétrole et 72 % de plus que le gaz ! Selon les connaissances actuelles, le charbon est le premier responsable des émissions mondiales de CO2, et donc de l'effet de serre. Il faudrait donc parvenir à « nettoyer » les centrales à charbon. Ceci est techniquement possible, par au moins trois techniques. Celle du « captage post-combustion » est la plus efficace mais coûte jusqu'à 60 euros le MWh d'électricité. Une autre solution est l'« oxy-combustion » qui consiste à brûler le charbon avec de l'oxygène pur plutôt que de l'air. D'où la nécessité de produire d'énormes quantités d'oxygène. Là encore, c'est techniquement possible mais cher. Enfin, on peut utiliser un gaz appelé « syngaz » qui permet d'une part de réduire la quantité de combustible nécessaire et d'autre part de nettoyer le CO2. Et, heureuse coïnidence, le syngaz fournirait un carburant propre ! Mais là encore, ça coûte très, très cher.

Le nucléaire
On le sait, parmi toutes les énergies qu'on maîtrise pour l'instant, le nucléaire est la plus efficace et la plus propre au niveau du gaz carbonique (en ne considérant que les énergies actuellement capables de fournir assez d'électricité). De plus, il a l'avantage de minimiser les coûts en combustible : l'uranium représente 5 % du prix du kWh. Ainsi même s'il augmentait considérablement, cela ne se ressentirait quasiment pas. Un argument important pour la géopolitique.
On ne présente plus les deux problèmes de cette énergie, et ils sont de taille comme pour celui du charbon. Il s'agit de l'énergie potentiellement la plus dangereuse, comme le savent les ukrainiens (voir l'article sur Tchernobyl). Le danger, aussi bien pour le fonctionnement des centrales que pour le transport de l'uranium, peut provenir d'accidents techniques comme de catastrophes naturelles ou d'attentats terroristes... Et tant que l'on ne maîtrisera pas la fusion, le problème des déchets (voir l'article) restera entier, et lourd !

Que faire ?
Devant ces constats, à moins de réussir la fusion nucléaire (pour l'instant un mythe), la stratégie à adopter semble donc dans un premier temps de réduire le coût des méthodes de réduction des émissions en CO2 du charbon afin d'exploiter au maximum cette resource sur le moyen terme, tout en développant les énergies renouvelables propres puisque le charbon finira aussi par s'épuiser. Une stratégie écologiquement acceptable, mais qu'il faudra accepter de financer lourdement, ... Face à cette décision, n'oublions pas ce qui devrait être notre principal objectif : permettre à nos descendants de vivre décemment sur la Terre que nous leur empruntons.