Tout commença dans les années 80. A un kilomètre d'un hôtel pour touristes du Kenya vivait une troupe de 62 singes, appelés « troupe de la forêt ». Ils venaient se nourrir dans les poubelles de l'hôtel, mais y rencontraient des singes rivaux (dits « troupe des éboueurs ») leur bloquant l'accès. Résultat : seuls les plus forts de la tribu venaient se nourrir ici. Ainsi lorsqu'une épidémie de tuberculose bovine éclata en 1993, seuls les mâles dominants de la troupe furent touchés et disparurent.
La troupe dans laquelle ne restaient que les femelles et les petits se réorganisa alors. La hiérarchie se relâcha, l'épouillage remplaça les morsures. Mieux, les quelques mâles survivants ont depuis été remplacés par des singes « immigrants » plus sages, et la société ainsi constituer continue vingt ans après à vivre ainsi.
Ce constat, du à Robert Sapolsky, n'est pas le premier. Frans de Waal avait déjà étudié deux espèces de macaques : le rhésus et le macaque à queue tronquée. Le rhésus est un singe violent, l'autre a pour habitude de se réconcilier après un conflit. Lorsqu'on regroupe ces deux espèces, on voit alors les queues tronquées dominer les rhésus qui adoptent un comportement plus tranquille. Dans la génération suivante, les petits des deux espèces vivent ensemble sans problème.
Reste une question : si les singes sont capables d'évoluer autant en si peu de temps pour supprimer une tyrannie ou une violence, pourquoi pas nous ?