Vivre dans un monde sans maladies, voici un des plus vieux rêves des hommes. Mais cet objectif est certainement impossible, car de nouvelles maladies apparaissent régulièrement.

Mais d'abord, qu'est-ce que l'éradication ?
L'OMS distingue trois types d'« éradications » :
- l'endiguement d'une maladie, qui consiste à réduire la mortalité provoquée par la maladie. Ce type d'opération doit être continuelle, pour maintenir les résultats obtenus.
- l'élimination d'une maladie, c'est-à-dire la diminution à zéro de la mortalité dans une région géographique donnée. Là aussi, une action doit être maintenue pour éviter une réapparition.
- l'éradication, au vrai sens du terme, qui consiste à éliminer une maladie de toute la planète. Pour que la maladie soit considérée comme éradiquée, il ne doit y avoir aucune action ultérieure : la disparition doit être définitive.
De plus, ces trois opérations ne concernent que les maladies « infectieuses », c'est-à-dire dues à un parasite, une bactérie ou un virus. On exclut ainsi par exemple les maladies génétiques ou les cancers.

L'exemple de la variole :
Cette maladie, très ancienne puisqu'elle était déjà présente en Egypte antique, est probablement apparue en Afrique et en Asie puis s'est répandu en Europe au VIème siècle, à cause du siège de La Mecque en 572, et en Amérique au XVIème siècle, transportée par les colons européens. En Europe, elle réapparaissait tous les dix ans et tuait 10 000 à 20 000 personnes, dont un cinquième de bébés.
Les premiers vaccins, obtenus à partir de la variole bovine, apparaissent en 1796. Le programme d'éradication de la variole a été lancé par l'OMS en 1950 (deux ans après sa création). On estimait alors qu'il suffisait de vacciner 85 % de la population mondiale pour faire disparaître la maladie. Mais au bout de 20 ans, le programme était un échec. Ceci était particulièrement dû au fait que certaines populations, peu accessibles, n'étaient pas vaccinées. On changea alors de stratégie pour vacciner en priorité les populations à risque (celles où on signalait des cas). Ce fut cette fois un succès et l'OMS annonça l'éradication de la variole en 1979, le dernier cas ayant été signalé en 1977 en Somalie.

Les difficultés
On dispose de plusieurs exemples d'endiguements et d'éliminations de maladies, parfois sans vaccin. Par exemple, profitant de son isolement insulaire, la Grande-Bretagne a éliminé la rage simplement avec des mesures de quarantaine. Toutefois, l'éradication est une opération bien plus difficile. La variole est d'ailleurs la seule maladie éradiquée au début du troisième millénaire. Cela s'explique par sa relative facilité à être combattue : on dispose d'un vaccin efficace et, surtout, ses symptômes (apparition de pustules, cécité souvent définitive) la rendent aisément identifiable, ce qui est loin d'être la cas de la majorité des maladies.
De plus, on ne peut pas être définitivement certain que la variole est bien éradiquée. C'est pourquoi l'OMS conserve encore d'importants stocks de vaccins (différents de celui utilisé pour l'éradication).
Certaines maladies ne seront probablement jamais supprimées, du moins pas par des méthodes de vaccination. Un exemple en est la grippe : le virus qui la provoque mute presque chaque année, et les vaccins perdent régulièrement leur efficacité. De même, on peut noter les difficultés d'éradication du paludisme (ou malaria) : cette maladie est portée par un parasite (le psalmodium) transporté par les moustiques. On a ainsi tenté de supprimer les moustiques dans les régions concernées en pulvérisant du DDT mais les moustiques sont devenus résistants à cet insecticide. Pour ce type de raisons, il est important que les programmes d'éradication soient internationaux : un pays qui réaliserait seul une tentative avec une mauvaise stratégie risquerait de créer des foyers résistants.

Malgré ces difficultés, d'autres maladies figurent au programme de l'OMS pour l'éradication, par exemple la poliomyélite (500 000 malades par an). Il y a aussi de nombreux programmes d'élimination, comme la rougeole (Etats-Unis et Europe)