Merveille d'adaptation, un champignon mycorhizien est capable de coloniser à la fois un poireau et une tomate, par exemple, en tissant entre eux un réseau de filaments. Mais comment-fait-il ? Pour Ian Sanders et Mohamed Hijri, de l'université de Lausanne, en Suisse, cet organisme a recours à un processus unique dans le règne vivant : la multigénomie.
Les deux chercheurs ont en effet montré que Glomus etunicatum, un champignon mycorhizien, est doté de plusieurs génomes. Au moins une douzaine selon les premiers résultats. C'est la diversité de son arsenal génétique qui permettrait à cet organisme de coloniser d'innombrables plantes. Un résultat qui va à l'encontre de tout ce que l'on connaît puisque, normalement, un individu hérite, soit d'un demi-génome de chacun de ses parents (c'est la reproduction sexuée), soit du génome de son seul parent dans le cas d'une reproduction asexuée.
Dans le cas de Glomus etunicatum, l'ensemble de la génétique mendélienne et les théories de Darwin sont à revoir. Pour Mohamed Hijri, cette particularité évolutive n'a pas dû être primordiale pour la seule survie des champignons mycorhiziens. « Ce sont des organismes très anciens, apparus il y a au moins 450 millions d'années. Cette date coïncide avec le passage de la vie aquatique à la vie terrestre. Il est donc probable que les champignons mycorhiziens ont aidé les plantes à coloniser la terre ferme. »

(d'après Sciences et avenir n°696, février 2005, page 33)