Situation de TchernobylAu nord de l'Ukraine, à environ 130 km de Kiev, tout semblait calme dans la centrale de Tchernobyl. Elle possédait 4 réacteurs de 1000 mégawatts mis en service en 77, 78, 81 et 83 et appartenait à RBMK, une filière russe critiquée pour sa médiocre protection. Mais le samedi 26 avril 1986, un des réacteurs explose. La déflagration, qui eut lieu alors que le système de refroidissement primaire était éteint, détruisit l'enveloppe de protection du réacteur, irradiant la centrale et ses environs. Le coeur du réacteur brûlait à 1500°C. L'explosion fait 2 morts et plusieurs blessés. Le 29, on compte 25 morts et 1000 irradiés. La plupart des personnes étant intervenu sont mortes, elles ont reçu une dose radioactive supérieure à 800 rems, le palier mortel. Le 28, la sécurité de la centrale de Frosmark (Suède) relève un taux de radioactivité dans l'air 5 fois supérieur à la normale. A 19 h 17, la Tass (agence de presse russe) diffuse ce message dans le monde : « Un réacteur de la centrale de Tchernobyl a été endommagé. Des mesures sont prises pour éliminer les conséquences de l'accident. Nos soins sont prodigués aux victimes. » Le site fut recouvert de béton et les environs furent glacés à l'azote liquide. Peu après l'accident, les autorités décrétèrent l'évacuation de toute la population dans un rayon de 40 km. 130 000 personnes furent déplacées et une centaine de villages (ex : Pripyat) furent abandonnés. Aujourd'hui encore, la région est interdite.

Le nuageLe nuage radioactif toucha avant tout (3/4 des retombées) l'Ukraine et la Biélorussie mais aussi la Finlande, la Scandinavie, la Pologne, l'Allemagne, la France et l'Italie. Les rapports officiels soviétiques firent état de 32 décès dont 29 par irradiation, mais l'on estimait en 1995 le nombre d'irradiés à 1,5 millions de personnes.
Cependant, les trois autres réacteurs furent remis en route en 1987. En 1991, les autorités ukrainiennes promirent la fermeture définitive du site mais demandèrent aux occidentaux une aide financière pour les travaux, chose très rare pendant la Guerre Froide et aujourd'hui encore (on a pu le constater avec le Koursk). Ils s'élevaient à 3 milliards de dollars. Les députés ukrainiens votèrent le maintien en activité de deux des réacteurs restants, puis le gouvernement annonça en 1995 leur fermeture avant l'an 2000. Elle eut lieu le 15 décembre 2000.

Combien de victimes ?
Selon un rapport de l'ONU publié en septembre 2005, cinquante morts sont directement dus à l'explosion et aux radiations immédiates : pompiers et sauveteurs sont morts de quelques mois à vingt ans après l'accident. Il faut ensuite ajouter 4 000 cancers de la thyroïde (dont une dizaine de décès), touchant principalement des enfants et adolescents.
Certains pensent aussi que parmi les 200 000 personnes ayant travaillé sur le site l'année suivant le drame, 2 200 devraient mourir. Comptons aussi 5 millions de personnes vivant dans des zones irradiées (en Ukraine, Russie et Biélorussie) dont 100 000 dans des régions à haut risque.
Au total, les estimations prévoient 4 000 morts dus à Tchernobyl.

Les causes de l'accident : l'hypothèse la plus probable.
Le 25, le circuit primaire de refroidissement est rompu. La turbine s'arrête, suivie des pompes faisant circuler l'eau. Les 200 tonnes d'uranium chauffent et l'eau se vaporise. Elle réagit avec le zirconium, un métal contenu dans les tuyaux. Il se dégage de l'hydrogène qui rompt l'étanchéité du réacteur.

Les erreurs humaines
- Avant l'explosion, des scientifiques se livraient à des expériences dans le réacteur.
- L'évacuation fut trop lente.
- Les autorités ont étouffé l'affaire trop longtemps (rappelons par exemple que les mouvements d'évacuation nous seraient restés inconnus sans les satellites-espions américains).

Un article de journal (La tribune le progrès édition Saint-Etienne, 9 décembre 2000)
Nouvel épisode dans l'histoire des retombées du nuage de Tchernobyl.
Après une personne de Reims qui saisit la justice, une nouvelle plainte est déposée par Mme Z, cette fois-ci au nom de X atteinte d'un cancer de la thyroïde, convaincue, elle aussi, qu'elle est la victime de la plus grande catastrophe nucléaire civile.
En octobre [1999], cette quadragénaire qui vit aujourd'hui dans la région de Narbonne, doit subir une intervention chirurgicale pour une hernie discale dans une clinique toulousaine. Dans la foulée de l'opération, et pour lutter contre un excédent de poids, elle passe des examens sur place qui révèlent un nodule à la thyroïde. Une nouvelle intervention s'impose donc. Et le constat tombe, sans appel : cancer de la thyroïde.
Depuis, X s'interroge à la fois parce que le chirurgien qui l'a opérée lui a dit « Je n'ai jamais vu une thyroïde aussi abîmée » lui recommandant de conseiller à sa famille, ses grands enfants et son ex mari, de « passer des examens ». Une précaution qui ne s'est pas révélée inutile puisque l'une de ses deux filles, qui est enceinte de son premier bébé, a découvert à son tour un nodule à la thyroïde. Avant même l'accouchement, les médecins lui ont recommandé de ne pas allaiter son bébé. Alors, pour en avoir le coeur net, X a décidé de porter plainte à son tour en s'adressant à l'avocat rémois qui commence à être spécialisé dans la question.
A Dardilly (Rhône) en 1986
A ce stade de l'affaire on pourrait penser qu'il s'agit d'une malade qui cherche une raison à son mal et à sa souffrance, mais en mai 1986, lors du passage du nuage de Tchernobyl, X, qui s'appelait alors Mme Z, habitait avec son premier mari et ses trois enfants dans l'ouest lyonnais à Dardilly (Rhône) dans la résidence Rabelais.
Elle raconte : « Après l'accident de Tchernobyl, deux voitures officielles se sont arrêtées, une après-midi, devant notre maison dans le lotissement. Dans chaque voiture il y avait plusieurs personnes qui se sont présentées comme étant de la préfecture et ont précisé « de la protection civile ». Ils m'ont demandé la permission d'entrer dans le jardin pour faire des prélèvements de terre. Lorsque j'ai donné mon accord, ils ont appelé avec le téléphone de voiture. Un troisième véhicule, qui ne devait pas être loin, est arrivé aussitôt avec des instruments et une grande caisse en bois. Alors, un homme a enfilé une combinaison, a prélevé avec une foreuse, une bonne quantité de terre qu'il a mise dans la caisse. Puis en partant ils m'ont dit qu'ils me tiendraient au courant de la suite, me demandant aussi de rester discrète et de ne pas parler de leur visite ».
Elle n'a plus jamais eu de nouvelles et avait presque oublié l'épisode, qui lui est revenu brusquement en mémoire. Pour en avoir le coeur net, elle a donc appelé, il y a quelques jours, la protection civile du Rhône où on lui a répondu qu'il n'y avait « aucune trace d'une quelconque intervention chez elle. Propos que Mme W, du service concerné à la préfecture du Rhône, nous a confirmé. Pourtant, X n'a pas rêvé, pas plus qu'elle n'est une affabulatrice. Ses enfants se souviennent de l'épisode et, en bonne méridionale qu'elle est, elle avait, dès le lendemain, raconté à ses amies cette étrange visite. Elles aussi s'en souviennent.
En découvrant sa maladie, même si le pronostic est excellent (la quasi-totalité des cancers de la thyroïde débouchent sur une guérison), X veut savoir : « ce sont les médecins qui me soignent et particulièrement le docteur qui m'a opérée qui m'ont incité à chercher les causes. Ils voient se multiplier les problèmes thyroïdiens notamment chez les jeunes ». Propos appuyés par un docteur endocrinologue : « Nous n'avons pas d'éléments médicaux concrets pour dire que c'est Tchernobyl pas plus que nous n'en avons pour dire le contraire, mais on est de plus en plus fondé à se poser des questions ».
X qui s'apprête à entrer à nouveau en clinique pour suivre un traitement « en chambre blindée » est beaucoup plus catégorique : « On a failli me tuer, on a sûrement aussi failli en tuer d'autres... Je veux savoir. »