Variole, sida, grippe aviaire, grippe espagnole, chikungunya ... toutes ces maladies qui nous font peur sont dues aux virus. Ah, si nous vivions dans un monde débarassé des virus.... et bien en fait nous y vivrions très mal ! Certes, certains virus sont dangereux, voir mortels. Mais dans la multitude de virus, certains ne nous font rien, ou même nous font du bien ! De fait, nous connaissons actuellement 6000 virus (mais certains pensent que cela ne représente que 1% de leur diversité), parmi lesquel « seuls » 200 nous sont nocifs.
D'abord, qu'est-ce qu'un virus ? C'est une entité composée principalement d'une enveloppe en protéines et de quelques morceaux d'ADN. Un débat a lieu, pour savoir si les virus doivent être considérés comme vivants ou non : ils possèdent de l'ADN sous la même forme que la notre (du moins, il n'a pas de chromosomes mais la formule chimique de son ADN est la même), mais ne se reproduisent pas. Plus précisément, ils ne se reproduisent qu'à l'intérieur d'un autre organisme, bien vivant lui, qu'on appelle hôte. Les virus sont donc des squatteurs : ils s'incrustent dans les cellules de leur hôte, s'y reproduisent (en utilisant au passage les ressources en protéines de leur hôte) puis dans la plupart des cas vont voir ailleurs. Ainsi, ce qui rend certains d'eux nocifs est cette occupation de la cellule qui ne peut plus effectuer sa mission dans l'organisme.
Mais ces squatteurs ne sont pas tous gênants ! En fait, certains viennent se multiplier et repartent incognito, sans qu'il n'y ait eu aucune influence sur notre santé. Par exemple, certains virus, s'ils détruisent bien nos cellules, ne détruisent en fait que nos cellules cancéreuses ! D'où une possible application à l'avenir pour lutter contre les tumeurs.
Les virus nous servent également de manière indirecte. Ils sont précieux pour la recherche médicale et génétique, car en modifiant un peu leur ADN, on peut fabriquer toutes sortes de molécules sur lesquelles travailer. Et en ce qui concerne l'exobiologie (recherche d'une vie extraterrestre), une voie pour chercher la vie est justement de chercher des virus (car s'il y en a sur une planète, il y a presque sûrement aussi des organismes vivants).
Certains chercheurs vont même plus loin et affirment que les virus sont nécessaires au développement de la vie. En effet, ils seraient en partie responsables de la diversité génétique des populations, grâce aux transferts d'ADN qu'ils produisent. Ils pourraient même être à l'origine de la vie sous sa forme actuelle : nos cellules contiennent de l'ADN qui nous permet de synthétiser des protéines pour vivre. Seulement, l'ADN est prisonnier des noyaux de nos cellules (il est meilleur pour nous qu'il soit à un endroit où on le trouve facilement !), et les protéines sont synthétisées à l'extérieur des noyaux. Ainsi, la comunication se fait par l'ARN, une molécule qui peut entrer et sortir du noyau pour transmettre les ordres de l'ADN. Il est aujourd'hui admis qu'à l'origine du vivant, les organismes n'avaient pas d'ADN mais seulement de l'ARN. Il y aurait ensuite eu une amélioration grâce à l'« invention » de l'ADN, plus résistants aux mutations que l'ARN. Or, si tous les organismes vivants fonctionnent à l'ADN, il existe des virus à ADN et des virus à ARN ! D'où cette question : l'ADN serait-il leur invention ?

(adapté de Science et Vie n°1078, juillet 2007)